Élections américaines : trop serrées pour se prononcer
La situation
L’élection présidentielle américaine se tiendra le mardi 5 novembre. Les sondages montrent que l’actuelle vice-présidente Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump ne sont séparés que par une marge des plus étroites. Le taux de participation dans sept « swing states », ou états décisifs, tels que la Pennsylvanie et la Géorgie, est susceptible de décider de l’issue de l’élection. Le résultat se jouera sur le fil du rasoir.
Bien qu’ils se situent de part et d’autre de l’échiquier politique, pour les deux candidats, l’élection devrait être suivie d’une politique budgétaire expansionniste. La dette publique devrait augmenter en raison des dépenses proposées par chaque candidat sur le vieillissement de la population, la défense et la transition énergétique. Alors que des estimations récentes suggèrent que l’impact fiscal d’une présidence Harris pourrait s’élever en moyenne à environ 3 500 milliards USD, l’impact d’une présidence Trump pourrait être plus de deux fois supérieur.
Voici un dernier aperçu des projets politiques des deux candidats (dans l’ordre alphabétique) ainsi que leur impact potentiel sur l’économie et les marchés.
En cas de victoire de Kamala Harris
Kamala Harris est confrontée au sempiternel défi d’un vice-président en exercice qui brigue le plus haut poste : elle doit faire preuve de continuité, tout en montrant où elle apportera des changements positifs. Kamala Harris s’est positionnée comme la candidate de la continuité en matière de politique intérieure, en suivant les orientations de la « Bidenomics » (ligne économique sous Joe Biden) et en poursuivant la transformation énergétique définie dans la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act). Elle propose par exemple de supprimer les avantages fiscaux accordés à l’industrie pétrolière. Mais, au-delà, elle a promis des hausses significatives de l’impôt sur les sociétés, dont les recettes pourraient être utilisées pour financer des allègements fiscaux en faveur des familles à faible revenu. En outre, elle propose d’augmenter le taux de la tranche la plus haute de l’impôt sur le revenu et de supprimer les failles du système fiscal dont bénéficient les ménages les plus riches du pays.
Une victoire de Kamala Harris devrait permettre à l’économie américaine de poursuivre sa trajectoire vers un atterrissage en douceur. En théorie, cette évolution est favorable aux actions, même si les hausses d’impôts ne seront pas positives pour les bénéfices des entreprises. Il est peu probable qu’elle ait un impact majeur sur la trajectoire de réduction des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les marchés obligataires pourraient connaître une baisse des rendements et une hausse des prix, à mesure que les taux d’intérêt poursuivraient leur baisse. Du côté des marchés des actions, les réformes devraient bénéficier à des secteurs comme l’énergie propre, tandis que les hausses de l’impôt sur les sociétés et sur les plus-values sont susceptibles d’impacter notamment les secteurs de la santé et de la tech.
En cas de victoire de Donald Trump
Donald Trump a beaucoup insisté sur ses projets de politiques visant à stimuler l’économie américaine en se concentrant sur sa base manufacturière traditionnelle. Les droits de douane constituent un thème central, ses déclarations étant passées d’une augmentation de 10 % sur l’ensemble des importations à l’évocation d’un taux fixe de 60 % sur les importations en provenance de Chine. Donald Trump propose également de limiter l’immigration, de revenir à des taux d’imposition plus bas et de déréglementer les secteurs de l’énergie, des banques et de la tech. Sur le plan géopolitique, un retrait du financement de l’OTAN et la fin de l’aide à l’Ukraine pourraient mettre en péril la sécurité européenne.
Un second mandat Trump pourrait ralentir la croissance plus rapidement qu’un gouvernement Harris, en grande partie à cause de la nature inflationniste des tarifs douaniers et des politiques d’immigration proposées, qui risquent d’ébranler la confiance des consommateurs américains. Une résurgence de l’inflation ferait probablement dérailler le calendrier de réduction des taux de la Fed, entraînant le dollar américain et les rendements obligataires à la hausse. Or, un dollar plus fort est généralement négatif pour les marchés émergents, et les risques géopolitiques sont également susceptibles d’augmenter. Néanmoins, les sociétés des secteurs financier, énergétique et technologique pourraient bénéficier d’une déréglementation.
Perspectives d’AXA IM Select
Cette course à la présidence étant très serrée, nous avons ce trimestre, revu à la baisse notre exposition tactique aux actions américaines.
Une victoire de Kamala Harris apporterait un programme démocrate renouvelé, mais avec un Sénat potentiellement aux mains des républicains, il n’est pas certain que beaucoup de ses politiques soient adoptées. Les politiques de Donald Trump devraient tendre à augmenter l’inflation, réduisant à néant les efforts déployés par la Fed pour contenir l’inflation ces dernières années.
Les actions américaines pourraient bénéficier des politiques de Donald Trump, mais dans les secteurs où les valorisations sont déjà très élevées (p. ex. le S&P 500) elles entraîneraient un risque de volatilité et de pression sur les résultats plus élevé.
Avertissement de risque